Le commerce de gros est un maillon essentiel dans la chaîne d'approvisionnement, permettant aux détaillants et aux entreprises d'accéder à des produits en grande quantité à des prix compétitifs. En France, devenir grossiste ne s'improvise pas : ce statut implique de respecter un cadre légal précis.
Que vous souhaitiez vendre en gros dans un secteur traditionnel ou exploiter les opportunités offertes par l’e-commerce, comprendre les bases du métier est une première étape essentielle. Cet article détaille les démarches à suivre pour devenir grossiste en France et les réglementations à respecter.
Qu’est-ce qu’un grossiste ?
Un grossiste est un professionnel qui achète des marchandises en grande quantité auprès des fabricants ou des producteurs, puis les revend à d’autres entreprises (commerçants, e-commerçants, restaurateurs, etc.). Contrairement aux détaillants, il ne vend généralement pas directement aux consommateurs finaux, bien que certains grossistes adoptent aujourd’hui un modèle hybride (B2B et B2C).
Le métier de grossiste repose sur plusieurs piliers :
- L’achat en volume pour bénéficier de tarifs préférentiels.
- La gestion des stocks et de la logistique, essentielle pour assurer des livraisons fluides.
- La mise en réseau avec des détaillants ou des professionnels via des plateformes spécialisées ou des circuits de distribution classiques.
Avec la montée du commerce en ligne, le métier évolue rapidement : les grossistes doivent désormais s’adapter aux marketplaces B2B, aux commandes en ligne et aux nouvelles attentes des professionnels.
Différences entre grossiste et détaillants
Caractéristique |
Grossiste |
Détaillant |
Clients cibles |
Détaillants, autres grossistes, collectivités, entreprises |
Consommateurs finaux |
Volumes |
Achats et ventes en gros volumes (économies d'échelle) |
Achats en quantités non industrielles, ventes à l'unité ou en petites quantités |
Marges |
Plus minces (compensées par le volume élevé) |
Plus élevées (ajout de valeur par promotions et vente) |
Rôle |
Intermédiaire entre fournisseur et détaillant |
Vente directe aux consommateurs |
Fournisseurs, grossistes et détaillants forment un réseau économique interdépendant. Les fabricants approvisionnent les grossistes en marchandises, qui les redistribuent aux détaillants. Ces derniers les vendent au public. Cette chaîne permet à chaque acteur de se spécialiser : le fournisseur sur la production, le grossiste sur la logistique et le stockage, le distributeur sur la vente au détail.
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Démarches administratives pour devenir grossiste en France
Se lancer en tant que grossiste implique plusieurs formalités administratives, qu'il s'agisse de créer une société, de se conformer aux obligations fiscales ou de respecter la réglementation propre à certains secteurs d'activité.
1. Choix du bon statut juridique
Avant de démarrer une activité de grossiste, il est essentiel de choisir une structure juridique adaptée. En France, plusieurs options s'offrent à vous, en fonction de votre niveau d’investissement, du nombre d’associés et de votre régime fiscal :
- L’entreprise individuelle (EI) : simple à créer, mais impliquant une responsabilité illimitée sur les dettes.
- La micro-entreprise : possible dans certains cas, mais peu adaptée au commerce de gros en raison du plafond de chiffre d’affaires.
- La société (SARL, SAS, EURL, SASU) : souvent privilégiée pour une activité de grossiste, car elle permet de séparer le patrimoine personnel et professionnel, d’embaucher des salariés et de structurer son développement.
💡 Bon à savoir : la SAS est souvent recommandée pour les projets e-commerce en gros, car elle offre plus de flexibilité en matière de répartition du capital et de gestion des dividendes.
2. Immatriculation de l’entreprise
Une fois la structure juridique définie, il faut immatriculer votre activité auprès des autorités compétentes :
- Obtention d’un numéro SIRET et d’un code APE correspondant à l’activité de commerce de gros (46.xxZ selon votre spécialisation).
- Immatriculation au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) : obligatoire pour toute activité commerciale. Cette formalité s’effectue auprès du guichet unique des entreprises (portail formalités.entreprises.gouv.fr).
- Obtenir un numéro de TVA intracommunautaire : indispensable pour les transactions avec des fournisseurs et clients en Union Européenne.
- Déclaration d’existence auprès des douanes : si vous importez ou exportez des marchandises, vous devez obtenir un numéro EORI (Economic Operator Registration and Identification).
Freins juridiques et réglementaires liés à l’activité de grossiste
L’activité de grossiste peut être confrontée à plusieurs obstacles réglementaires qu’il faut anticiper avant de se lancer.
Normes et certifications obligatoires
En fonction du secteur d’activité, les grossistes doivent respecter un cadre réglementaire strict :
- Produits alimentaires : HACCP (analyse des dangers et maîtrise des points critiques), agrément sanitaire, traçabilité des lots.
- Textile : conformité REACH (substances chimiques), étiquetage réglementé (composition, provenance, consignes de lavage).
- Produits électroniques : certification CE, conformité RoHS (restriction des substances dangereuses), normes WEEE (gestion des déchets électroniques).
Restrictions à l’importation et barrières douanières
Les grossistes qui importent des produits depuis l’étranger doivent se conformer aux réglementations douanières, notamment :
- Paiement des droits de douane et TVA à l’importation : variables selon l’origine des marchandises et la classification douanière.
- Règles d’origine et préférences tarifaires : certains accords commerciaux permettent des réductions de droits de douane sous condition de certification d’origine.
- Contrôles sanitaires et techniques : certains produits (alimentaires, cosmétiques, jouets…) doivent passer des contrôles avant d’être commercialisés en France.
💡 Conseil e-commerce : si vous vendez via des plateformes comme Amazon ou Alibaba, certaines imposent des normes spécifiques aux vendeurs internationaux, notamment en matière de conformité produits et logistique.
Obligations liées aux conditions de stockage et de transport
Le stockage et la logistique sont encadrés par des normes de sécurité et d’hygiène. Un grossiste manipulant des denrées périssables devra une fois de plus respecter les normes HACCP, tandis que le stockage de produits chimiques exige des conditions strictes (ventilation, signalétique, formation du personnel…). De même, le transport de certaines marchandises (médicaments, alcools, tabacs) nécessite des autorisations spécifiques et le respect de la chaîne du froid, ou d’autres protocoles réglementaires.
Conventions collectives des grossistes
Toute entreprise ayant des salariés doit respecter la législation sociale en vigueur et appliquer la convention collective correspondante à son secteur d’activité.
Le choix de la convention collective dépend du domaine d’activité principal du grossiste. Parmi les principales conventions applicables, on retrouve :
- Convention collective des commerces de gros (IDCC 573) : couvre la majorité des grossistes en France, avec des règles sur la durée du travail, la classification des emplois et les minimas salariaux.
- Convention collective nationale du commerce de détail et de gros à prédominance alimentaire (IDCC 2216) : spécifique aux grossistes en agroalimentaire, avec des obligations sur la chaîne du froid et les normes d’hygiène.
- Convention collective nationale des commerces de gros de l'habillement, de la mercerie, de la chaussure et du jouet (IDCC 500) : encadre les activités liées à la distribution de vêtements et textiles.
Taxes et contributions spécifiques aux grossistes
En plus des impôts classiques (TVA, impôt sur les sociétés ou sur le revenu), certaines activités de gros sont soumises à des taxes spécifiques.
Les taxes sur certains produits
- Écotaxe (éco-contribution) : applicable aux grossistes vendant des produits soumis à la responsabilité élargie du producteur (REP), comme les emballages, les équipements électroniques (DEEE), les meubles ou les textiles.
- Taxe sur les boissons sucrées et alcoolisées : les grossistes en agroalimentaire doivent déclarer cette taxe si leurs produits sont concernés.
- Contribution pour la gestion des déchets : certains secteurs, comme l’électroménager ou les produits chimiques, doivent financer des éco-organismes spécialisés.
💡 À savoir : un grossiste vendant à l’international peut être soumis à des droits d’accises sur certains produits (alcool, tabac, énergie…), selon les règles douanières en vigueur.
Obligations contractuelles et légales avec les fournisseurs et clients
Un grossiste doit encadrer ses relations commerciales par des contrats solides pour éviter les litiges.
Contrats avec les fournisseurs
Les relations entre un grossiste et ses fournisseurs doivent être définies par des conditions générales d’achat (CGA) mentionnant :
- Les quantités minimales d’achat et les conditions de réassort.
- Les délais de paiement et les éventuelles remises (remises sur volume, escomptes, ristournes).
- Les conditions de retour et de garantie des marchandises.
- La clause de rupture de contrat et les pénalités en cas de non-respect des engagements.
💡 Bon à savoir : en cas d’importation, les grossistes doivent vérifier les incoterms qui définissent la répartition des responsabilités (transport, assurance, douane) entre l’acheteur et le vendeur.
Contrats et obligations envers les clients
Les conditions générales de vente (CGV) sont essentielles pour encadrer les transactions en B2B. Elles doivent mentionner :
- Les délais de paiement : en France, le délai maximal légal est de 60 jours après émission de la facture, sauf accord spécifique.
- Les clauses de réserve de propriété : permettent au grossiste de conserver la propriété des marchandises jusqu’au paiement intégral.
- Les garanties et conditions de retour : doivent être précisées pour éviter les litiges.
- Les éventuels exclusivités de distribution : dans certains secteurs, un grossiste peut négocier une exclusivité sur un territoire donné.
💡 Conseil e-commerce : certains marketplaces B2B imposent des CGV standardisées aux grossistes qui souhaitent vendre sur leur plateforme. Il faut donc vérifier leur compatibilité avec vos propres conditions commerciales.
Les tendances du commerce de gros
Le commerce de gros connaît une transformation rapide sous l'effet du digital, des innovations logistiques et d’une réglementation de plus en plus stricte. Pour rester compétitifs, les grossistes doivent adapter leurs modèles et optimiser leur fonctionnement.
Digitalisation et marketplaces B2B
Les plateformes B2B bouleversent le secteur en simplifiant la mise en relation entre fournisseurs et acheteurs. Elles offrent une visibilité accrue mais imposent aussi des exigences strictes en matière de prix, logistique et conformité.
Automatisation et logistique avancée
Pour répondre à la pression des délais et des volumes, les grossistes modernisent leurs infrastructures avec des systèmes de gestion d’entrepôt (WMS), des robots de préparation et des algorithmes prédictifs qui optimisent les stocks et les expéditions.
Renforcement des réglementations
Les obligations en matière de traçabilité, durabilité et responsabilité élargie des producteurs (REP) se multiplient. Les taxes écologiques et les restrictions sur certains matériaux (plastiques, substances chimiques) imposent aux grossistes d’adapter leur offre et leurs pratiques sous peine de sanctions.
FAQ sur les grossistes et leur cadre légal
Qu’est-ce qu’un grossiste ?
Un grossiste achète des marchandises en grande quantité auprès des fabricants pour les revendre à des professionnels (commerçants, e-commerçants, restaurateurs…). Contrairement aux détaillants, il ne vend pas directement aux consommateurs.
Quelle est la différence entre un grossiste et un détaillant ?
Le grossiste vend en gros à des professionnels, tandis que le détaillant revend en petites quantités aux consommateurs. Le premier privilégie le volume, le second applique une marge plus élevée sur ses ventes.
Comment devenir grossiste en France ?
Il faut choisir un statut juridique (SAS, SARL, EI…), s’immatriculer au registre du commerce, obtenir un numéro de TVA intracommunautaire et respecter les normes propres aux produits vendus.
Quelles sont les obligations légales d’un grossiste ?
Un grossiste doit se conformer aux normes du secteur (sanitaires, douanières, certifications), gérer ses obligations fiscales (TVA, CET) et encadrer ses relations commerciales via des CGV précises.